Ne daigne

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Le projet s’inspire d’une bribe de la vie de Marina Tsvetaeva, poétesse russe du début du XXème siècle, et s’appuie sur le travail de Tsvetan Todorov qui regroupa chronologiquement ses journaux intimes, correspondances et brouillons de poèmes dans un recueil : Vivre dans le feu. L’épisode biographique choisi débute à la naissance d’Irina, deuxième fille de la poétesse, et se termine peu après la mort de l’enfant à l’âge de cinq ans. Il correspond aussi aux premières années de révolution et de guerre en Russie, qui plongeront peu à peu Marina Tsvetaeva dans une misère sociale et matérielle aliénante. Mais c’est aussi, précisément, durant ces quelques années que sa poésie s’affirme, empreinte de contradictions exaltées ou murmurées ; criant, par exemple, n’avoir « besoin de personne si se n’est de son âme », et, quelques pages plus loin, déplorant de ne pas compter pour les autres et de souffrir de sa solitude…

« Le trop, a toujours été la mesure de mon monde intérieur »

Ces maîtres mots, devise de son quotidien, prônent la démesure, le décalage et n’ont de cesse de bouleverser, de renverser la réalité, tenant l’immuabilité pour crime. Mais elle prend conscience avec douleur que sa sphère poétique n’est pas inébranlable, qu’elle ne peut pas y demeurer comme elle le rêvait :

« J’ai fait de mon âme ma maison, et non de ma maison mon âme »

Commence alors, pour la poétesse, une sorte de dégringolade dans le réel. Le projet montre ses tentatives de s’en extraire et le tiraillement entre son moi-femme et son moi poète par une double projection où se superposent, se contredisent parfois, ces deux entités / identités. En cherchant à protéger son âme de poète dans un monde onirique, elle s’empêche par là même d’être une femme et une mère.

« Création et capacité d’aimer sont incompatibles ; on vit ici, ou là ! »

Un travail de spatialisation de quatres pistes sonores renforce cette impression de tiraillement, mettant en parallèle ou en opposition le son de sa plume et celui des espaces qu’elle traverse, sa voix de femme et sa voix poétique.

Cette installation, en permettant de regarder une même histoire selon ces deux perspectives, ne vise pas à séparer un monde réel et un autre onirique, mais plutôt à considérer la porosité de leurs limites et l’équilibre difficile de leur superposition :

« Elle n’existe pas, la vie qui aurait supportée ma présence ».

2014

Projet de fin d’études à l’ENSAD

Le projet a pris deux formes de 23 minutes chacune :

  1. Grand Projet à l’ENSAD : Installation 4 écrans
  2. Court-métrage

Avec
Anne-Sophie Liban
Camille de Villechabrolle
Victoria Erkilette

 

Installation à l’ENSAD, 2014

A l’occasion de la nuit des musées, la Maison de Marina Tsvetaieva organise plusieurs séances de projection les 21 mai et 11 juin 2016.

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